Parti de militants ?


  • Le choix est porté par les courants léninistes car il est né avec Lénine. Les partis révolutionnaires estiment que, dans l’affrontement avec la bourgeoisie, son état, son armée, il faut pour gagner une structure organisée comme une armée, disciplinée, hiérarchisée, clandestine en partie, un « quartier général des luttes, direction exclusive des luttes du prolétariat ». Tous les groupes trotskistes font ce choix, à l’opposé des groupes libertaires, anarchistes (même si le NPA a essayé de prendre quelque distance avec son origine trotskiste). Les Verts ont toujours penché du côté des libertaires.
  • Ce choix apporte beaucoup d’efficacité pour les actions, les luttes ou la propagande, pour les ressources financières (les cotisations des militants trotskistes sont une fraction importante de leurs salaires), par la discipline acceptée dès l’adhésion ! Mais lorsque le militantisme est le critère de la « reconnaissance » par le groupe, il faut définir les critères du jugement (sur quels terrains ? quelle intensité ? quels sacrifices ? quelle mesure de l’efficacité ?) Et, logiquement, un critère est souvent le jugement sur la ligne politique sous-jacente. Comme la ligne théorique, idéologique sont des éléments déterminants de la cohésion il n’est pas étonnant que la mouvance trotskiste soit championne toutes catégories de la scissionnite (il doit exister actuellement plus de 12 groupes). De plus ne peut-on pas considérer que cette conception léniniste est responsable de la déviation stalinienne, à cause du poids de « l’élitisme » qu’induit la domination d’une hiérarchie ? L’adhésion à « l’orga » est une sorte de parcours du combattant (pour la LCR elle était précédée d’un stage probatoire dans de « cercles rouges » ; pour LO elle est précédée par des semaines de rencontre avec un parrain qui impose des lectures et les contrôle) La hiérarchie militante engendre des tensions, des conflits.

* Analyse du philosophe Patrick Viveret : « Militant a la même origine que militaire, le latin «miles», soldat et Patrick parle de militantisme sacrificiel car, en attendant les lendemains qui chanteront peut-être il faut bosser dur).

Parti d’adhérents, parti de « masse » ?

  • Ce choix est celui des partis sociaux-démocrates ; Il est lié à la primauté accordée aux votes lors des diverses élections. Sa perversion est le parti d’élu/es et de collaborateurs d’élus
  • Avantages :

- la pollinisation des entourages familiaux, professionnels ou de quartier,

- le lien avec le tissu associatif car les adhérent/es sont souvent actifs dans ce tissu (syndicats, associations de locataires, parents d’élèves, Amap, jardins partagés, Resf, économie sociale et solidaire, conseils de quartier ; etc.)

- l’influence électorale (plus le nombre d’adhérents est important, plus le quadrillage du territoire est efficace, plus le nombre de candidats possibles est important

- psychologique car il est plus valorisant d’être un grand nombre qu’un groupuscule -

  • Inconvénients :

-Le manque fréquent de mutualisation des actions et réflexions menées à côté du parti et de réflexion commune sur les implications politiques.

-La possibilité donnée à des « notables » de faire adhérer une « clientèle », des ami(e)s qui pèseront lors des votes de désignation des candidats. Si cette pratique est importante elle provoque de fortes tensions. Les militants peuvent être ulcérés de voir que de simples adhérents sont choisis à leur place pour des postes d’élus !

  • Mon opinion

Je trouve que l’opposition entre les deux choix est un peu factice. Une synthèse est possible. Le PC a longtemps réussi à faire la synthèse entre les deux options : parti de masse et de classe et, en même temps, parti de militants.

Le parti de masse constitue un vivier potentiel de militant-e-s. Les « ancien-ne-s » ont une lourde responsabilité ; ils ou elles peuvent entraîner les adhérents dans le militantisme si celui-ci est joyeux, convivial, si, ils ou elles, savent trouver les mots, les occasions. Les adhérent-e-s peuvent, si on sait les solliciter, taper des textes, faire des envois, téléphoner, tenir des permanences et découvrir la richesse des contacts humais sur un marché ou ailleurs.

Le nombre est une chance, un atout psychologique et politique .