• Un an 2222 possible.
  • La paix a peu à peu été rétablie sur la terre : le dernier conflit à régler, le plus difficile fut celui entre Israéliens et Palestiniens; on expérimente là-bas des villages paritaires. Plus de guerre, donc plus d’armées avec leurs dépenses gigantesques.
  • La planète a vu disparaître les grandes métropoles et se parsemer de « villages » dont les dimensions ont été expérimentées. Je ne dévoilerai pas ce chiffre magique qui a demandé des décennies d’essais ! disons qu’il se situe entre 2000 et 4000. Paris, Londres, New York, ne sont pas devenues des villes-musées, car elles accueillent des universités, des zones industrielles ou artisanales et quelques parties villageoises du même type que ci-dessous.
  • Visite du village Tournesol
  • Nous sommes au centre, au cœur, en haut d’un magnifique édifice octogonal dont les 8 parties sont occupées par: une grande maison commune avec les services administratifs, un grand réfectoire où tout le village (ou presque) vient manger, une bibliothèque-médiathèque, un auditorium maison des fêtes et des salles occupées alternativement par les associations locales, les religions pour leur culte et de nombreuses célébrations communes De là-haut on voit disséminés de façon harmonieuse : une piscine, des étables, des terrains de sport, des écoles, une belle maison de santé pour généralistes, spécialistes, kinésithérapeutes, infirmières et des aires de stationnement des hélicoptères du village qui fonctionnent à l’énergie solaire, des vélos et de quelques voitures, tous mis à la disposition de chacun-e. (La voiture a presque disparu)
  • Tournesol est bâti dans la boucle d’une rivière, entre celle-ci et une belle forêt. Au loin, à droite, un champ de blé encerclé par des éoliennes Toutes les maisons de 3 ou 4 étages sont bâties en énergie positive développée depuis le vingt-et-unième siècle, donc sans chauffage électrique ou au fioul ou au charbon. L’électricité d’éclairage est fournie par les éoliennes. Il n’y a plus de routes goudronnées mais 8 larges chemins de terre ou d’herbe, en étoile. Nous prenons la première voie ; des villageois cueillent des cerises en papotant, d’autres soignent les cultures potagères destinées à la nourriture du village ; de temps en temps une ruche ou une grande sculpture surprennent. Devant une laverie automatique pour les habitant-es un drap en train de sécher au soleil met une joyeuse note de blanc sur le mur vert des arbres fruitiers, des fleurs savourent leur arrosage. De joyeux robots qui ressemblent à des nains de jardin, habillés de vives couleurs coupent l’herbe de la voie-pelouse en chantant à l’unisson des jeunes filles qui les téléguident ; ils assureront d'autres tâches pénibles.
  • L’argent n’existe plus. Le village est organisateur de tout : logement, nourriture, vêtements, travail, éducation, loisirs. Il est propriétaire de tout ; donc plus du tout d’impôts, d’héritages avec leurs conflits! Les quelques échanges de services très particuliers sont structurés par une monnaie locale. Le moteur de la vie, de la société n’est plus désormais la recherche de la richesse par la domination, la compétition, la hiérarchie. La recherche proclamée, obstinée est celle du bonheur pour tous-toutes et pour chacun-e. Le bonheur est une notion subjective, variable avec chaque personne ; il ne se définit donc pas ? Mais pour que la société organise les meilleures conditions pour le bonheur des gens, il faut bien cerner le mieux possible les formes du bonheur, de la joie, du plaisir car joie, sensualité et sexualité sont des composantes fugitives du bonheur d’une journée, comme l’atmosphère conviviale, sereine, apaisée du groupe qui ne doit ni être trop petit, ni trop grand ; cerner aussi leur importance relative, leur évolution (joie de l’odeur d’une fleur ou d’un plat, caresse du vent, de l’eau de la rivière ou d’une douche, bonheur d’une douleur qui cesse, bonheur d’avoir convaincu l’assemblée, d’une journée bien remplie, d’un rêve décrypté, d’une chanson composée, de caresses légères échangées, d’une réalisation collective réussie). Pendant un siècle tout cela fut une priorité des recherches et on a beaucoup avancé de plusieurs façons. De nouvelles machines enregistrent les rêves de chacun-e car les rêves permettent de faire un bilan des joies, des peurs, des déceptions, des fatigues, des fantasmes. Régulièrement une analyse de ces rêves se fait collectivement (chacun-e a étudié cela à l’école) un groupe de psychologues et de sociologues du village joue un rôle central, avec le conseil des anciens et les comités de jeunes. On propose des séances de relaxation, de yoga ou de sport pour exprimer un besoin de « violence ». Des réunions de bilans, de critiques de souhaits-projets sont régulières. Sont au centre de ces débats : la répartition des tâches, les horaires, les prises de décisions, les enfants et leur éducation, les problèmes de sexualité ; mais aussi les défaillances dans le contrat collectif qui cimente l’unité ou des conflits entre voisins. Les anarchistes ont gagné leur longue bataille contre toute délégation de pouvoir, contre l’état ; les décisions sont toutes prises en assemblée générale, après des débats collectifs facilités par les moyens ultramodernes qui permettent des échanges de tout le monde, rapides, devant ses sortes d’écrans de télévision. Le village essaie de bien appliquer sa règle d’or : « A tout pouvoir même minime, il faut un contre-pouvoir »
  • Utopique, cette disparition de l’argent, direz-vous ? Or cela existe depuis 1909, et fonctionne encore en 2015, à un endroit étonnant, en Israël dans les kibboutzim (ils sont en déclin car l’état israélien n’est pas vraiment socialiste et ils sont soumis à l’hostilité des religieux ! Mais ils réalisent encore 40% de la production agricole et 10% de la production industrielle pour moins de 2% de la population ! Ces structures sont sionistes, c’est à dire nationalistes et socialistes (non marxistes). Leur état mène une politique inadmissible).
  • Ce projet de société est aussi celui qui a fait rêver pendant des décennies les militant-e-s communistes ou anarchistes car autogestionnaire.
  • Dans plusieurs villages, la pratique du mariage donc du divorce a été abolie. Les couples se font et défont en liaison avec leurs amis qui assurent l’équilibre de celui ou celle qui ne souhaitait pas la rupture. Les enfants, comme dans les kibboutzim, sont autant ceux-celles de la collectivité que des géniteurs. C’est la communauté qui assure pour les enfants l’éducation, l’alimentation, les jeux ; mais contrairement aux kibboutzim les enfants dorment avec leurs parents et pas dans une maison particulière. Ces enfants sont en fait en symbiose avec un ensemble de personnes âgées qui retrouvent ainsi un rôle social ; elles leur racontent les événements passés, leur lisent des BD ou des contes, les font jouer et assurent une sécurité et une certaine discipline. Les personnes âgées habitent au rez-de-chaussée, les enfants aux étages avec leurs parents qui assurent la convivialité, la solidarité concrète avec les « vieux »
  • Chaque membre du village Tournesol assure en alternance une tâche professionnelle (éducation, santé, production ou distribution, etc.), une tâche manuelle, parfois professionnelle en même temps (jardinage, bricolage, tissage, tricotage de pulls, construction, etc.) et une tâche « intellectuelle » (archivage, enquête, gestion politique, animation de réunions, relations extérieures etc.). Le but est de ne pas créer des hiérarchies sociales, de faire que chacun-e connaisse richesses et difficultés de toutes les tâches !
  • Notre médium a moins parlé de la production industrielle, des universités et de la recherche. Les usines sont gérées en autogestion; avec le même souci de réduire les hiérarchies et… aussi les pollutions ; le souci de faire du travail un épanouissement dans la diversité!. Beaucoup d’échanges d’expériences ont lieu entre villages, en particulier sur la façon de mesurer et d’équilibrer les échanges de services, de biens, entre villages et usines ; le problème d’une monnaie mondiale n’est pas encore résolu, ni la façon de réaliser un consensus mondial.
  • Les campus universitaires sont structurés comme Tournesol. Les espérantistes n’ont pas encore obtenu que leur langue devienne la langue universelle, mondiale mais elle est enseignée dans les écoles avec la langue du pays et une troisième.
  • Les villages sont regroupés en régions. Les écologistes voulaient que l’on passe ensuite aux continents et des continents à une structure planète. Mais la nation garde une fascination et ils ont échoué ! La gestion démocratique se réalise à la base donc dans les villages et les régions, en autogestion puis au niveau du continent grâce aux énormes progrès des instruments de communication, d’échanges et de consultations démocratiques rapides par Internet.

  • Dans les villages on étudie l’histoire du monde, on s’amuse des préjugés, des blocages idéologiques des années qui vont de1900 à 2100 ; on ne comprend pas nos guerres ; nos crimes stupides contre l’environnement. On apprend que le tournant décisif est dû à un petit groupe cohérent de personnes lucides, passionnées qui ont risqué toutes leurs ressources, tout leur avenir pour construire le premier village écologique ; ils-elles ont mobilisé tous leurs amis pour populariser leurs idées, pour faire visiter le village BONHEUR. Puis un grand vent de rupture a parcouru la planète, a pollinisé l’initiative ; d’autres villages ont poussé comme des champignons, une révolution non violente a tout balayé !