''''* Mai 1968 : L’explosion étudiante entraîne la plus grande grève ouvrière de notre histoire !

  • Personne ne s’y attendait et le Monde écrivait : « La France s’ennuie ! » Moi-même, un peu découragé, j’avais un peu décroché du militantisme. Pourtant des signes existaient comme les grèves à la Rhodiaceta de Besançon et de Lyop Vaise, des luttes dures dans diverses entreprises, des séquestrations de patrons.
  • En fait la France étouffait sous le poids des autoritarismes qui dominaient tous les domaines : politique (avec De Gaulle, une seule chaîne de télévision, l’ORTF, contrôlée par lui, et aussi au PC encore stalinien), éducatif (ce fut le détonateur à l’université de Nanterre, les lycées en général non mixtes étaient encore du type napoléonien et, pour donner un exemple, les lycéennes ne pouvaient ni se maquiller, ni porter un pantalon !), familial (poids des parents et surtout du père), religieux (autoritarisme que le concile Vatican II terminé en 1963 commence à contester un peu), sexuel (avortement, contraception, machisme), patronal dans les entreprises (auquel s’ajoute le poids des « petits chefs » et le problème spécifique des OS) et même syndical. Les Français ont besoin de passer du gaullisme paternaliste à autre chose, de rêver, de parler et pas seulement d’obéir !
  • La France est en période d’expansion rapide (celle dite des 30 glorieuses), le nombre de chômeurs est de 500 000, alors qu’il est « officiellement » de 3 millions 500 000 en juin 2015 ! Réfrigérateurs, machines à laver, télés améliorent les conditions de vie. Tout cela permet pour la première fois à la génération du « baby-boom » d’avoir une vraie adolescence et aussi de s’opposer, sur la coiffure, les vêtements, les films, la musique. « Les Beatles, John Baez, Bob Dylan, Greg Lemon, Salut les copains, les Yéyés etc. sont plus importants que Lénine pour la grande masse des jeunes »; ils-elles seront les moteurs dynamiques et imaginatifs du mouvement de Mai, souvent en rupture avec leurs parents mais soutenus par les grands-parents qui, comme eux, ne sont pas dans la production !
  • Au niveau politique Mai 68 est souvent caricaturé et peu de livres décrivent sa complexité due au fait qu’il n’y avait pas une majorité et une opposition mais 3 blocs très différents et homogènes malgré des différences internes : le bloc gaulliste contesté, le bloc PC-CGT à l’apogée de sa domination sur la gauche (voir 1969 dans le texte suivant) et le bloc PSU-UNEF-CFDT+ des trotskistes et des anarchistes dont le tribun Dany (qui en fait n’a guère de « troupes » organisées), bloc animateur du mouvement, en alliance conflictuelle avec le PC qui ne veut pas remplacer De Gaulle par un quelconque atlantiste ni laisser contester sa domination.
  • L’opposition politique de fond, non politicienne sera beaucoup entre le qualitatif (qualité de la vie dans l’entreprise et l’habitat) et le quantitatif (salaires, etc.)
  • La planète entière s’enflamme ! Elle doit s’adapter à un monde plus « moderne », avec l’apparition du numérique, des multinationales et des sociétés de consommation

  • Hymne au Mai 68 de Paris(il domina les médias, pourtant les luttes touchèrent la France entière)
  • Paris des solidarités entre étudiant/es et habitant/es !
  • Paris libéré des voitures. Paris sans métros, sans bus, Paris piéton !
  • Paris des rencontres, des échanges. Paris des discussions passionnées envahissant rues, entreprises, lycées, facs, théâtres !
  • Paris des transistors et des manifestations joyeuses,
  • Paris imagination ! Paris des affiches percutantes des Beaux-arts !
  • Paris qui hésite entre une vraie révolution avec peut-être des morts et le retour à l’ordre. * Essayez d’imaginer : une France où plusieurs ministres ne sont plus à leurs postes, où des préfets prennent contact avec l’opposition, où le Président de la République conscient de la dislocation de l’appareil d’état disparaît le 29 mai, sans prévenir quiconque, pour aller voir le général Massu et les troupes françaises d’Allemagne…la stupéfaction générale quand l’opinion apprend cette disparition !
  • De Gaulle annonce alors à la radio qu’il va organiser un référendum et je suis devant la gare de Lyon au milieu d’un énorme rassemblement qui s’apprête à défiler. Beaucoup de militants écoutent sur leurs radios transistors et l’un d’eux, lucide, se dit que c’est l’échec assuré pour le général et agite son mouchoir en criant « Adieu De Gaulle ! Adieu ! ». Toute la foule ravie l’imite ! Spectacle impressionnant et moment émouvant de ma vie ; ce n’est pas la seule fois où j’ai constaté qu’une foule peut être guidée dans un sens positif par un ou quelques leaders naturels ; la popularité de Dany Cohn Bendit a là son origine!
  • De Gaulle comprendra assez vite son erreur et remplacera le référendum par une dissolution et une élection législative.
  • Je ne participe pas ensuite à la manifestation, ni à la tentative de brûler la Bourse, ni à la coupure d’arbres au Quartier latin pour faire des barricades ; Rocard nous a expliqué depuis que la police avait organisé une provocation volontaire.
  • Mais le fait est que ces violences-là font,'' pour la première fois, peur aux Français et qu’ils cessent de soutenir les étudiants contre la répression policière !
  • De tous les côtés on cherche une issue politique ; le PC est divisé (il aura les accords de Grenelle), le bureau national du PSU aussi et Rocard affirme que c’est à une voix de majorité qu’il obtient de remplacer une nouvelle manif très risquée par un rassemblement dans un lieu clos, le stade Charléty. Le PSU, pour chercher une transition politique avec Mendés France, organise une réunion chez le rhumatologue Marcel Francis Kahn avec Mendés, plusieurs membres du bureau national dont Rocard, Edmond Maire et Marcel Gonin pour la CFDT, Jacques Sauvageot pour l’UNEF. Mais Mendés ne veut pas arriver au pouvoir sur une « révolution ».D’ailleurs Il aurait dû naviguer contre les gaullistes, contre le PCF et surfer sur les vagues « d’enragés de Mai » difficiles à maîtriser!
  • Paris amertume de Charléty qui marque l'échec du mouvement car Mendès présent refuse de prendre la parole après les syndicalistes et Mitterrand va saboter définitivement tout, en se portant candidat au pouvoir, sans aucune chance d’être accepté !