1969 : Rocard candidat PSU à la présidentielle obtient 3,61 %, Defferre pour le PS 5,01 %, Duclos pour le PC 21,27 % !! Rocard devient député dans les Yvelines contre Couve de Murville, ancien Premier ministre du général.

1971 : Le congrès national de Lille marque le début des ruptures avec 6 tendances : 2 « réformistes » autour du secrétaire national Michel Rocard, 2 maoïstes ( la Gauche Révolutionnaire et la Gauche Ouvrière et Paysanne), 2 se réclamant plus ou moins de Rosa Luxembourg ou de Trotski. Ce congrès tendu commence par mettre Rocard en minorité en votant un programme qui inclut la référence à la « dictature du prolétariat », sous l’influence des « maoïstes ». Leur « maladresse dans une rencontre nocturne » permet à Rocard de renverser dramatiquement la situation et de rester de justesse secrétaire national, avec un texte programmatique pour le moins « bizarre ». La cohabitation deviendra tellement difficile qu’en 1972 la fédération de Paris sera dissoute, avec réadhésion de celles et ceux qui le souhaitent. Les militants maoïstes de la GR et ceux, solidaires, de la GOP quitteront alors l’organisation en l’affaiblissant beaucoup. Quelques autres autour de Jacques Kergoat rejoindront la LCR.

1972 : « Manifeste du PSU : Contrôler aujourd’hui pour décider demain » texte de 220 pages pour le congrès de Toulouse en décembre. La relecture de ce texte en 2009 est passionnante. Le premier chapitre s’appelle « Après le capitalisme ». Le troisième propose le contrôle populaire sur la production et la consommation comme transition vers une société autogestionnaire. La page 88, sous le titre « Produire pourquoi ? » est un remarquable résumé des thèmes de l’écologie politique actuelle. Cette démarche est totalement opposée à celle du Programme Commun (PS-PC-MRG) que le PSU ne signe pas, se mettant ainsi en marge de l’unité des gauches traditionnelles.

1973 : Les ouvriers horlogers de Lip entament une lutte emblématique, lutte autogérée dans un environnement capitaliste. A partir du trésor de guerre formé par le stock de montres planquées, ils remettent en marche l’usine. « On produit, on vend, on se paie ». Plus de 80 % des leaders sont membres à la fois du PSU et de la CFDT. Les structures du PSU depuis le siège national jusqu’aux sections de base organisent les ventes de montres du trésor Lip. Nous l’avons fait à la Teinturerie, local de la section PSU du vingtième arrondissement de Paris qui, par ailleurs, organisa une gigantesque opération tags sur les murs des agences de la Société générale :« du fric pour Lip ». Voir mes 5 billets sur Lip du blog Une contagion de cette lutte autogestionnaire se manifeste à Cerizay avec les « chemisières » de PIL et Giscard d’Estaing met tout en oeuvre pour casser financièrement cette dynamique « dangereuse », objectivement aidé d’ailleurs par la « philosophie Programme Commun ».

1974 : Dans l’opération « Assises du socialisme » qui rassemble dans le PS une minorité du PSU et un certain nombre de cadres CFDT, le PSU perd Michel Rocard mais gagne deux groupes venant des CIC (Centres d’Initiatives Communistes dont Victor Leduc) et les trotskistes de l’AMR (alliance marxiste révolutionnaire). Michel Mousel devient secrétaire national et le restera jusqu’en 1979.

Les années 1970-1980 sont marquées par le travail tenace de militants de la commission immigration dont Paul Oriol, Gérard Desbois. Ils jouent en particulier un rôle décisif dans la bataille pour la carte unique de 10 ans accordée aux résidents étrangers en 1983 par Mitterrand à la suite de la « Marche pour l’égalité » de Marseille à Paris (appelée par les journalistes « Marche des Beurs »). Notre section peint une grande fresque qui accueillera les marcheurs à la gare Montparnasse. Cette commission PSU sera aussi active dans la bataille pour le droit de vote des résidents étrangers.

1978 : Pour les élections législatives le Front autogestionnaire rassemble le PSU, des écologistes, des régionalistes et le MAN (mouvement pour une alternative non violente)



1981 : Huguette Bouchardeau obtient 1,11 % des voix à l’élection présidentielle qui élit Mitterrand au second tour.

1984 : Huguette Bouchardeau, secrétaire nationale du PSU, devient ministre de l’environnement, ce qui est la conséquence logique d’un travail théorique et militant du PSU depuis sa fondation avec, en particulier, la CSCV (confédération syndicale du cadre de vie, créée par sa composante MLP), les luttes contre le nucléaire civil (Nogent sur Seine, Plogoff, Malville, etc.) et militaire (le MCAA : Mouvement Contre l’Armement Atomique fondé par Claude Bourdet); les luttes contre «l’automobile qui tue la ville », les livres « Vivre, produire, travailler autrement », « l’utopie réaliste », « L’écologie, histoire d’une subversion ». Le PSU a fait longtemps de l’écologie politique sans la nommer ainsi.

Il faudrait parler des grandes fêtes du PSU organisées dans le jardin de l’observatoire de Meudon, puis à la Courneuve, qui n’avaient pas l’envergure des fêtes de l’Huma, mais refusaient tout envahissement commercialo-publicitaire



1988 : Le PSU soutient Pierre Juquin à l’élection présidentielle. Il obtient 2,09 % des voix, après une campagne unitaire qui a rassemblé déçus de la gauche, écologistes, etc. et suscité beaucoup d’espoirs, brisés par le score médiocre.

1990 : Dissolution du PSU et fondation de l’Alternative Rouge Et Verte (AREV) par fusion avec des communistes refondateurs de la CAP, convention pour une alternative progressiste). Le PSU aura été un vrai laboratoire d’idées fécond, sur la société, la décentralisation, l’autogestion, les syndicats dans l’armée, les droits du peuple palestinien, le féminisme et il aura très tôt fait de l’écologie, sans employer le nom. Il aura fourni bien des militantEs et des cadres au PS, aux Verts, aux Alternatifs, de nombreux ministres et même deux premiers ministres Pierre Bérégovoy et Michel Rocard, tous deux fondateurs du PSU en 1960.