1956-2006 : 50 années de vécu militant à plusieurs étages
Des polémiques d’hier à celles d’aujourd’hui.
Du vécu local aux événements historiques.
Des personnages modestes aux personnalités célèbres.
Aventures, affiches de mai 68, fêtes, commissariats, portraits, poésie, politique en sarabande


PSU
Connaître le socialisme français, texte n° 2 Guy Mollet déshonore le socialisme
  • Janvier 1956 : victoire du Front Républicain : pour les élections législatives, la SFIO (dirigée par Guy Mollet), les radicaux-socialistes dirigés par Pierre Mendés France (PMF), l’UDSR dirigée par François Mitterrand et quelques gaullistes sociaux comme Jacques Chaban-Delmas ont formé le Front Républicain. Cette alliance de centre gauche a gagné de peu. Le mandat donné par les électeurs est clairement de faire la paix avec l’Algérie. La plupart des électeurs du Front Républicain souhaitent voir, au poste de Président du Conseil des ministres, PMF qui a su finir la guerre d’Indochine. Beaucoup ont voté socialiste car c’est la composante la plus à gauche de cette coalition, en principe au moins. Personnellement, je l’ai fait également, après bien des hésitations, tellement j’avais été enthousiasmé par Mendès ; mais je détestais le clientélisme radical-socialiste observé en Creuse.
  • C’est le socialiste Guy Mollet qui est nommé Président du Conseil des ministres par le président Coty qui plaide que c’est la SFIO qui obtient le plus de députés (Pourquoi diable ai-je voté socialiste à cette époque?).Guy Mollet est secrétaire national de la SFIO depuis le congrès de 1946. Il a gagné ce congrès en se situant sur des positions très radicales, très « à gauche » face à Daniel Mayer qui cofondera le PSU ; il gardera ce poste jusqu’en 1969.
  • Il nomme le général Georges Catroux « ministre-résidant » en Algérie. Les « Français d’Algérie, dits Pieds-Noirs » sont déchaînés car le sortant Soustelle était un fervent partisan de l’Algérie française. Lorsque le 6 février 1956 Guy Mollet vient à Alger, il est accueilli par des insultes et on lui jette des tomates. Il cède et remplace Catroux le libéral par Robert Lacoste( qui se révélera particulièrement répressif vis à vis des Algériens). La ligne politique change ainsi totalement.. Le 12 mars 1956, Mollet obtient de l’Assemblée nationale, avec les voix du parti communiste, les pouvoirs spéciaux, ce qui, de fait, supprime les garanties sur les libertés démocratiques en Algérie. Les tortures vont se développer, comme les assassinats de prisonniers du FLN algérien dans ces fameuses « corvées de bois » (on envoie les prisonniers chercher du bois et, dehors, on les tue en déclarant qu’ils ont voulu s’enfuir). Le 11 avril 1956, il porte le service militaire des appelés à 27 mois, rappelle le contingent de jeunes qui avaient fini leur temps de service et vont faire plusieurs mois supplémentaires. La guerre va continuer de façon horrible, politique si inadmissible que Mendés France démissionne du gouvernement le 23 mai 1956.
  • Le 22 octobre 1956, le gouvernement Mollet organise le détournement sur Alger de l’avion marocain DC-3 de Air Atlas qui transporte cinq chefs historiques du FLN algérien dont Ben Bella (futur président de la république indépendante). Ils seront bien entendu emprisonnés (avec quel argument juridiquement indiscutable?) Cette opération ne sera guère appréciée par le gouvernement marocain. C’est avec ces cinq dirigeants que le général De Gaulle, en 1962, négociera les accords d’Evian mettant fin à la guerre.
  • L’Egypte est, pour le gouvernement français, coupable d’aider les rebelles algériens, de leur fournir des armes. Nasser vient de nationaliser le canal de Suez, propriété franco-britannique. Magnifique prétexte pour une opération militaire organisée avec le Royaume-Uni et Israël. Le 2 novembre 1956, les parachutistes français occupent facilement la zone du canal. Ce gouvernement socialiste mène donc une guerre qui menace la paix mondiale !! Ce sont l’Union soviétique et les Etats-Unis, malgré la guerre froide entre ces deux pays, qui s’allient pour mettre fin à cette aventure Dès le 6 novembre les troupes reviennent au bercail. ''Le ridicule s’ajoute à l’inadmissible !''
  • Le FLN continue à résister à la puissante armée française (600 000 soldats en septembre 1956) et à faire des attentats. Le 7 janvier 1957 le gouvernement donne les pleins pouvoirs au général Massu pour mener la terrible « bataille d’Alger ». Les tortures à l’électricité, avec la fameuse « gégène », le supplice de la baignoire, les pendaisons par les pieds deviennent systématiques. De nombreux amis, soldats en Algérie ont vu des choses horribles sans pouvoir les empêcher. Ils ont mis des années avant de pouvoir en parler ! Merci, Monsieur Mollet, d’avoir traumatisé pour si longtemps presque toute une génération de Français ! Et que dire des souffrances de toutes natures (destructions, tortures, viols, assassinats) infligées au peuple algérien ! Elles continueront d’ailleurs après la démission de Mollet et l’arrivée du général De Gaulle.
  • Le 13 mai 1958 un putsch se produit à Alger conduit par Lagaillarde et quelques généraux qui occupent le Gouvernement Général de Robert Lacoste. Un Comité de Salut Public est constitué avec les chefs de l’armée, présidé par le général Massu qui exige un gouvernement de Salut Public à Paris. Nos responsables politiques, paniqués, ne voient qu’une solution : le recours au Sauveur suprême, le général De Gaulle. Ils vont le supplier à Colombey. Guy Mollet sera même ministre d’état du général entre le 14 juin 1958 et le 8 janvier 1959.
  • L’humiliation de voir leur secrétaire national obligé de recourir à l’adversaire politique pour sortir de l’impasse algérienne est la goutte de trop qui fait déborder le vase et conduit plusieurs milliers de socialistes à faire scission et à créer le PSA, parti socialiste autonome, qui deviendra le PSU en 1960. On peut citer Daniel Mayer, Edouard Depreux, Alain Savary et le jeune Michel Rocard.
  • Le déshonneur de cette politique pèsera plus de vingt années sur l’image du parti socialiste et ouvre au PSU sa première fenêtre historique.
  • Ma révolte de l’époque persiste tellement aujourd’hui que j’ai failli oublier que Guy Mollet avait quand même fait voter la troisième semaine de congés payés et aussi les deux traités de Rome qui symboliseront, lors de leur ratification le premier janvier1958, l’ébauche de l’Union européenne, l’Europe des Six.. Les traités du 25 mars 1957 fondent la Communauté économique européenne (CEE) et la communauté européenne de l’énergie atomique (Euratom).

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PSU
Formation : Connaître le socialisme français texte 1 : De Jaurès à Mendés
  • 1905 : Naissance de la SFIO (Section Française de l’Internationale Ouvrière), ancêtre du PS actuel. Son journal est l’Humanité et Jaurès, tué en 1914, sera l'un de ses grands leaders. Elle rassemble des blanquistes, des guesdistes et des réformistes.
  • 1914 : Jean Jaurès, le pacifiste passionné est assassiné et les socialistes français renoncent au pacifisme et participent à l’union sacrée et à la guerre. Pouvons- nous affirmer que nous aurions résisté à « l’enthousiasme populaire » qui croyait à une victoire rapide ?
  • 1920 : Au congrès de Tours, une scission se produit à cause des 21 conditions exigées par les bolcheviks soviétiques dont l’adhésion à l’Internationale communiste. La majorité des délégués fonde le PC (Parti Communiste) et la SFIO subsistera jusqu’en 1969, date de naissance du PS actuel. Entre les 2 partis nés de la scission de Tours, les rapports de forces et les rapports politiques connaîtront bien des péripéties. Entre stalinisme naissant et réformisme socialiste qu’aurions-nous fait car l’écologie n’était pas encore née?
  • 1936 : Victoire du Front populaire, alliance des socialistes, des communistes et des radicaux socialistes. Le PC soutient le gouvernement de Léon Blum sans y participer. Création des congés payés, de la semaine de 40 h au lieu de 48, création de la SNCF, etc. Dans la guerre civile espagnole, ce gouvernement adopte « la non-intervention » (pour ne pas se dissocier du Royaume-Uni). Il n’envoie pas d’armes aux Républicains pour lutter contre Franco, alors que Hitler envoie l’escadrille Condor bombarder Guernica, préparant ainsi la Seconde Guerre mondiale. Des « brigades internationales » participent aux combats aux côtés des Républicains. André Malraux en fait partie.
  • Nous avons du mai à imaginer l’allégresse des ouvriers français qui, pour la première fois, partaient en vacances sur les plages, ni l’importance de cette première unité laborieuse entre socialistes-et communistes pour les jeunes générations de l’époque.
  • 1940 : Le 10 juillet, vote des pleins pouvoirs constituants au maréchal Pétain, Vote intéressant à analyser. 27 parlementaires sont en route sur le Massilia vers Casablanca pour poursuivre la lutte contre les nazis. De plus les 61 parlementaires communistes sont alors déchus de leur mandat, car le parti communiste français a été dissout par Edouard Daladier en septembre 1939 à cause de son soutien au pacte germano-soviétique, entre Hitler et Staline. Ils sont donc absents.
  • Sur les 649 suffrages exprimés des parlementaires présents (députés élus en 1936 ou sénateurs), on compte 569 votes OUI, 20 abstentions,80 votes NON seulement, dont 26 pour les parlementaires de la SFIO. Plus « étonnant », 79 parlementaires SFIO votent OUI ; ils seront sanctionnés à la Libération.
  • 1940-1945 : participation de socialistes à la Résistance, dans d’autres réseaux que les FTP à dominante communiste. Plusieurs deviendront « célèbres », dont Alain Savary qui sera l’un des fondateurs du PSU et deviendra ministre de l’Education nationale en 1981
  • 1944-1946 : Participation de la SFIO aux deux premiers gouvernements du général de Gaulle, avec le MRP (démocrates chrétiens) et les communistes. Bilan très sommaire de cette période : les nationalisations (banques, Renault, etc.), la sécurité sociale, le vote des femmes.
  • 1947- années 1960 ? « Guerre froide » terrible entre les États-Unis et l'Union soviétique de Staline ; le PS est alors totalement dans le camp atlantique (il y restera jusqu’à une période très récente). Il fait alors pratiquement toutes ses alliances électorales, voire gouvernementales, avec le centre; l’opposition vient à la fois des communistes et des gaullistes qui ont en commun le refus de l’atlantisme. C’est entre autres la période de la première guerre d’Indochine, entre la France et les Viets, celle de la défaite de Dien Bien Phu qui entraîne l’arrivée au pouvoir de Pierre Mendès France.
  • Juin 1954-février 1955 : gouvernement de Mendés France, avec des ministres plus « techniques » que politiques sauf Edgar Faure (Radical socialiste) et Mitterrand (alors membre de la petite UDSR : Union Démocratique et Socialiste de la Résistance), soutenu par les socialistes. Dans sa déclaration d’investiture Mendés promet d’obtenir la paix en 30 jours ; il mettra 2 jours de plus ! Promesse tenue ! Son gouvernement signe donc le traité de Genève qui met fin à la première guerre d’Indochine, prépare l’autonomie de la Tunisie et du Maroc, fait voter, par peur de l’Allemagne, le rejet de la Communauté Européenne de Défense (CED), ce qui le coupe des chrétiens démocrates très européens et entraîne sa chute.
  • J’ai été enthousiasmé par le souffle novateur et démocratique du gouvernement Mendés qui expliquait aux Français, chaque semaine, dans des causeries radiophoniques sa politique, par sa suppression du privilège des « bouilleurs de cru » pour lutter contre l’alcoolisme (dans la plupart des villages des alambics venaient distiller le jus des pommes ou poires des paysans ayant ce privilège ; l’odeur épouvantable reste dans ma mémoire comme la madeleine pour Proust). Pour aider les paysans à écouler leurs surplus et pour des questions de santé publique il avait organisé une distribution quotidienne dans les écoles d’un verre de lait …mais en 7 mois il n’a pas eu le temps de moderniser l’économie comme il voulait le faire. Mendés France, ne voulant plus cautionner la politique scandaleuse du socialiste Guy Mollet démissionna du gouvernement Mollet et, en 1960, participa à la fondation du Parti Socialiste Unifié et fut même député du PSU à Grenoble. Il quitta le PSU en 1968 ; il a bien sa place dans ces textes