Le Mai 68 qu’on vous cache
:: Par Guy Philippon, vendredi 9 mars 2018 ::
- Introduction
* Cette lecture peut vous être agréable pour plusieurs raisons
* 1 – Elle comporte des respirations drôles à 5 ou 6 reprises et ménage des suspenses !__
* 2 – Elle mélange l’analyse politique de moments historiques et le vécu passionné d’un militant
* 3 – Elle mélange l’apologie de l’atelier des Beaux-Arts de 68 et les portraits de 2 personnes ayant joué un rôle important.
* 4 – Elle esquisse une analyse de ce qui peut nous être utile aujourd’hui dans l’histoire d’une période importante
* 5 – Elle décrit le passage de flambeau entre les luttes étudiantes et les luttes lycéennes dans mon lycée « rouge » !
* 6 – Et les retombées de l’idée autogestionnaire portée par la CFDT et le PSU dans la lutte emblématique des LIP en 1973
* 7 – Elle bouscule l’histoire « officielle » écrite par les personnalités médiatiques !
- J’écris ces textes parce que je suis en colère. L’escamotage par les médias et les livres du rôle du PSU entre 1960 et 1990 est la raison de ce cri de colère ! Pourtant de nombreux documents sont là pour étayer ce que j’affirme. Le PSU fut le pilier de la lutte contre la guerre d’Algérie (elle fut d’ailleurs le ciment de son unification) – le pilier du « Décoloniser la province » de Michel Rocard en 1967 – le pilier de la convergence étudiants ouvriers en 1968 avec ses amis de l’UNEF et de la CFDT – le pilier de la lutte des horlogers de LIP en 1973 – le pilier de la lutte contre le nucléaire civil et militaire avec la CFDT – le père de l’écologie politique qu’il appela longtemps « cadre de vie »
- On connaît pas mal Michel Rocard comme membre du PS, comme Premier ministre de Mitterrand son « faux ami ». Et il a un bilan glorieux. Mais personne ne parle de ses 13 années de membre du PSU, dont six comme secrétaire national et du rôle visionnaire qu’il a eu à l’époque ! Une poutre maîtresse de ces années et en particulier de 1968 Marc Heurgon est totalement oublié par les historiens. Le fait que Rocard négocia avec le préfet de police Grimaud un certain nombre de manifestations de 1968 doit être vérifiable dans les archives de la préfecture ? Et la présence en tête de manifs de Rocard avec parfois Krivine, bras dessus-bras dessous est sur des photographies de journaux. Alors pourquoi fait-on comme s’il avait été aussi absent du mouvement de Mai que François Mitterrand ??
- Un exemple ahurissant que je viens de vérifier. Il s’agit de Pierre Mendés France qui a été fondateur du PSU en 1960 et membre de ce parti jusqu’en 1968 date de sa démission, élu pour le PSU à Grenoble dans l’Isère en 1967. Sous cette même étiquette il sera battu en 1968 et quittera le PSU. Or Wikipédia, pourtant sérieux en général, ne mentionne même pas dans des appartenances politiques qu’il a été membre du PSU pendant 8 années et qu’il a été député PSU !
- Il existe deux films remarquables sur cette période. La premier de Rotman sur Mai 68. Je détaille dans le chapitre 6 les escamotages politiques de ce film. Un second est tout aussi remarquable. C’est « LIP : l’imagination au pouvoir » de Christian Rouaud. Ce dernier ne mentionne le PSU que pour l’arrivée du patron Newschander trouvé par Rocard pour tenter de sauver l’entreprise. . Or 80% des ouvriers horlogers qui ont joué un rôle fondamental d’animateurs dont Piaget et Vittot étaient membres du PSU Vous trouverez un courriel de Vittot sur ce film.
- De même la phrases de Rocard : « La France ne peut accueillir toute la misère du monde » est souvent citée, en oubliant la fin de la phrase : « Mais elle doit en prendre sa part ! » Bel escamotage et belle hypocrisie !!
- L’ambiguïté du rôle du PC et de la CGT est rarement soulignée. Je l’explique ici sans la justifier ! Le moment où l’appareil d’état est déliquescent et où De Gaulle va en Allemagne pour s’assurer de la loyauté de l’armée ne peut être oublié. Mais peu d’auteurs mentionnent que le PSU et des dirigeants syndicalistes essaient de trouver une issue politique au mouvement avec Pierre Mendés France. Leur réunion chez Marcel Francis Kahn n’aboutit pas. C’est l’histoire du meeting du stade Charléty qui préfigure la fin du mouvement de Mai Bagatelle ?? Non !!
* Le risque d’une issue sanglante avait divisé le bureau national du PSU et cassé le tandem Rocard-Heurgon. Le débat sur la violence révolutionnaire a dû exister dans le groupe Krivine ? Cela devrait figurer dans l’histoire de Mai 68 ?