Bombages ou pose de bombes. L'illégalité jusqu'où?
:: Par Guy Philippon, dimanche 5 novembre 2006 ::
Le 1er ministre Messner a refusé d’autoriser la banque BNP à aider les LIPs pour sauver leur entreprise. Pour soutenir les LIPS nous allons écrire avec des bombes de peinture sur les agences BNP « LIP VIVRA » ou « DU FRIC POUR LIP ». Premiers tags?
Les agences BNP sont répertoriées. Des secteurs de Paris sont définis par notre section PSU du 20e arrondissement de Paris pour des équipes de « bombage » réparties dans plusieurs bagnoles. Au moment du départ nous découvrons qu’une amie institutrice pense que « bombage » veut dire « pose de bombes ».Sans commentaire. Le PSU était classé extrême gauche dans les sondages,haï comme gauchiste par le PCF, mais quand même ? !
Sur une banque proche de mon lycée Chaptal, je viens, cette nuit là de finir mon « bombage » quand quelqu’un derrière moi me frappe sur l’épaule ! Un flic ? Je suis bon pour le commissariat de police! Non c'est un élève maoïste qui m’a connu au lycée en 1968 ; Il veut échanger des souvenirs, discuter… Mais je ne veux pas moisir devant mon « tag » et rejoindre mes camarades au chaud dans la voiture !
Certes nous avons vendu de façon tout à fait illégale des montres LIP venues du trésor de guerre que s’étaient constitué les travailleurs pour continuer à produire et à faire vivre l’usine. Ventes organisées dans notre local rue de la Chine comme dans beaucoup de villes, au siège national du PSU, dans les locaux des comités d’entreprise organisés par la CFDT en général…Nous avions beaucoup de clients mais nous étions angoissés par le risque de perdre notre petite part du trésor de guerre si la police arrivait car il n’y a pas de véritable issue de secours rue de la Chine. Pourquoi la police n’est-elle pratiquement jamais intervenue pour stopper ces ventes illégales ? Ces actes que l’on qualifierait aujourd’hui de désobéissance civique, comme les fauchages d’OGM ? Parce que la lutte des LIP était trop populaire ? Le souvenir des solidarités fortes devant les répressions de mai 68 trop proche ? Saura t’on un jour ? Cette forme de lutte, cette revendication autogestionnaire ne plaisait guère au PCF, ni au PS de Mitterrand. Elle ne s’inscrivait pas dans leur tactique électorale du Programme Commun que critiquaient à la fois la CFDT et le PSU. Mais ces luttes auraient également pu être très dangereuses pour la droite au pouvoir. Alors historiens au boulot !