1968 : des feux de rupture sur la planète entière numéro 2
:: Par Guy Philippon, jeudi 22 novembre 2007 ::
1968 les incendies en Amérique latine, en Afrique et en Asie Voir texte précédent pour l’Europe et l’Amérique du nord
:: Par Guy Philippon, jeudi 22 novembre 2007 ::
1968 les incendies en Amérique latine, en Afrique et en Asie Voir texte précédent pour l’Europe et l’Amérique du nord
:: Par Guy Philippon, jeudi 22 novembre 2007 ::
Incendies de 1968 sur tous les continents dans la même année ! Pourquoi cette concentration étonnante sur une année qui ne peut pas être due au hasard?
En France, on a traité les premiers révoltés « d’enragés » ! La rage est la plus contagieuse des maladies. Les idées circulent, les informations circulent. C’est le début de la « mondialisation ». Mais cette mondialisation de la contestation des modèles dominants, c’est l’horreur pour Sarkozy et ses amis ; d’où sa haine pour Mai 68. Ces ruptures de 68 ne sont pas ses ruptures à lui ! Elles ont eu des conséquences fondamentales sur les décennies suivantes, depuis le domaine des mœurs jusqu’à celui de la politique mondiale avec la dislocation du bloc soviétique, les forums sociaux mondiaux en lutte contre le libéralisme dominant, etc. Incendies de 1968 : causes diverses, mais partout rôle important des étudiants et des luttes contre l’autoritarisme dominant dans la société comme dans la vie politique. C’est valable aussi bien dans le monde communiste que dans le monde capitaliste. En France se rajoute le ras-le-bol de l’étouffoir gaulliste. Ne serait-ce pas, au moins en partie, ce rejet des « autorités politiques, économiques, religieuses » qui explique la haine des Sarkozys?
27 janvier 1968, Alexandre Dubcek lance la « révolution de velours du Printemps de Prague » qui remet en cause le despotisme des partis communistes sur les pays de l’Est et ouvre un rêve démocratique. Mais le 21 août, les chars staliniens viendront casser cette espérance joyeuse. C’est le second ébranlement du modèle soviétique, après les événements de Hongrie, avant le Solidarnosc de Pologne et la chute du mur de Berlin. C’est aussi un ébranlement dans un certain nombre de consciences de militants communistes Français.
L’ennemi du monde communiste, le paradis du capitalisme connaît lui aussi de vrais ébranlements. Les universités californiennes connaissent un bouillonnement intense, sur les idées d’Herbert Marcuse, contre une société où tout est fonction de la rentabilité, de la finalité économique ; où règne un véritable terrorisme contre tout ce qui n’est pas conforme à « l’American way of life ». La jeunesse des Etats Unis impose dans de grands rassemblements l’émergence d’une contre culture, celle du mouvement Hippie, en même temps que la révolte contre la « barbarie technologique » de l’armée US au Vietnam : bombardements au napalm, massacre des femmes et des enfants du village de Song My, etc. Le 4 avril, le pasteur Martin Luther King, le symbole de la lutte des noirs pour l’égalité des droits est abattu ; le 5 juin c’est, en plus, Robert Kennedy, le frère de Bob, qui est assassiné en pleine campagne présidentielle !
Le 2 octobre1968, plusieurs centaines d’étudiants sont tués sur la place des Trois-Cultures. Il ne faut pas que soient troublés les Jeux Olympiques de Mexico. De nombreuses affiches en sérigraphie de l’école Mai 68 exprimeront la solidarité du mouvement français. La violence contestataire s’exprime aussi dans la célèbre attitude de 2 athlètes noirs états-uniens occupant la première et la troisième place du podium olympique du 100m qui, tête baissée, levaient un poing ganté de noir, au moment de la montée de la bannière étoilée, pour protester contre la ségrégation raciale
C’est en Allemagne que le mouvement étudiant a commencé un peu avant 68 avec le SDS (union socialiste allemande des étudiants) connu longtemps grâce à Rudi Dutschke, Rudi le rouge, blessé par balle en 68.Les luttes du SDS visent une université sclérosée, la presse, la guerre du Vietnam, la complicité de l’Allemagne avec les Etats Unis. Il a donné le ton, le style pour l’Europe. Mais ces luttes y déboucheront plus tard sur le terrorisme de la bande à Baader.
La situation italienne était fort différente, avec un parti communiste ayant pris ses distances avec l’URSS et un parti socialiste, le PSU, moins discrédité que la SFIO française ; donc le Mai italien ne connut pas les mêmes ruptures que le Mai français . Mais plus tard il déboucha comme en Allemagne sur le terrorisme des Brigades Rouges.
A suivre, pour ne pas faire trop long, en complément, le texte sur 1968 en Amérique latine, en Afrique, en Chine et au Japon
:: Par Guy Philippon, mardi 13 novembre 2007 ::
Le dimanche 11 novembre, Denis Baupin, chef de file des Verts parisiens pour les élections municipales de 2008 et la porte-parole Véronique Dubarry, entourés par une douzaine de Conseillers de Paris et une « escouade » de militants Verts, ont barré d’un voile noir le socle de la statue du général Mangin baptisé « le boucher » par ses hommes.
Ils ont déposé une gerbe en l'honneur des mutins de 1917, en révolte contre la boucherie du Chemin des Dames provoquée par les ordres stupides de généraux plus soucieux de leur image dans l’histoire que de la vie de leurs soldats. Le nombre de soldats tombés lors de cette terrible attaque varie suivant les historiens entre 147 000 et 270 000 ! Nivelle et son adjoint Mangin pratiquèrent alors la « décimation » : on met en file les soldats du régiment mutiné, on choisit un soldat au début de chaque dizaine, et les malchanceux seront fusillés pour l’exemple et éviter ainsi la contagion des idées de fraternisation avec l’ennemi. Plus de 500 « poilus » furent ainsi assassinés ! Un film a pu décrire cette horreur seulement 70 ans après ! Qui redonnera le titre du film?
Denis Baupin a pris la parole au mégaphone pour développer l’histoire des luttes pour l’objection de conscience, les positions vertes sur la guerre, la non-violence. « Il a souhaité que la mémoire parisienne ne soit plus hémiplégique en ne commémorant que les aspects militaires et guerriers des drames du passé mais en rendant également hommage à celles et ceux qui se sont opposés à la guerre et ses ravages. Il propose la création à Paris d'une Cité de la Paix, musée et lieu ressource sur la paix et les pacifistes ».
Puis Riton la Manivelle, accompagné par son orgue de barbarie et parfois le chœur des participants, a chanté 4 textes plus ou moins connus mais tous émouvants :
- la « Chanson de Craonne » de 1917, interdite pendant 40 ans !
- la « Butte Rouge » de 1923, chanson de Montéhus, sur « le « sang répandu dans le ravin », lors d’une attaque de la bataille de la Somme pendant la guerre de 14-18
- « Gloire au 17e » qui est une chanson en l'hommage au 17e de ligne qui refusa de tirer sur les viticulteurs du Midi lors des grands mouvements de révolte des viticulteurs en1907. Avec les célèbres paroles :« salut à vous braves pioupious du 17e, en tirant sur nous vous auriez assassiné la République
- « le soldat de Marsala », de 1860, sur un soldat qui, dans la Sicile envahie par le révolutionnaire Garibaldi, se trouve face à face avec un « ennemi », tire le premier, découvre sous la chemise du mort la photo de la mère du jeune homme et sera marqué pour la vie par ce meurtre. Il semblerait que la fameuse phrase du petit orphelin du monument aux morts de Gentioux en Creuse « Maudite soit la guerre » soit tirée de cette chanson.
Plus de 100 années de luttes résumées, de façon émouvante, sous une petite pluie fine ! -
:: Par Guy Philippon, jeudi 8 novembre 2007 ::
:: Par Guy Philippon, mardi 6 novembre 2007 ::
Gentioux est un bourg proche du village natal de Martin Nadaud dans le sud de la Creuse. Coincidence ou non, le monument aux morts de Gentioux est le plus photographié de France. Il n’a jamais été inauguré officiellement, ni utilisé pour la commémoration de l’Armistice. Quand les troupes militaires du camp voisin de La Courtine passent par hasard devant lui, les officiers commandent « tête à droite » pour que les soldats ne regardent même pas cette honteuse provocation !
Qu’a t’il donc de scandaleux ?
Il représente un petit orphelin en sabots et en sarrau qui lève le poing ; le monument lui fait crier : « Maudite soit la guerre ! »
Une affiche de l’atelier des Beaux-Arts de mai 68 est aussi virulente. Elle représente aussi un monument aux morts de la guerre de 14-18 avec une inscription « Morts pour rien ». Vous pouvez la trouver sur mon blog http://www.philippon.org/psu/ sous la rubrique « Affiches de Mai 68 – Mai 68, la grande peur de Sarkozy »
L’armée, les autorités républicaines, les élus pensent-ils qu’il faut crier : « Maudits soient les pacifistes ! Maudits soient les non violents ! Maudits soient les humanistes frileux ! » ?? Il y a heureusement chaque année une marche de non violents creusois qui viennent rendre visite au jeune orphelin en sabots et sarrau.
L’objection de conscience longtemps punie de prison a fini par être admise légalement !
Creuse, terre de résistances, avec la marche sur le chef-lieu Guéret en 1848, avec les luttes anticléricales du début du vingtième siècle, avec les maquisards de la guerre de 1940, avec les luttes paysannes des comités de Guéret.
Le hasard semble une explication insuffisante ! Alors poids de l’histoire, de la migration des paysans-maçons dont Martin Nadaud, de la sociologie et des conditions économiques ? Le débat est ouvert !