• Achat d’un cadre de nylon sur lequel est tendue une toile de nylon aux mailles plus ou moins fines chez Tripette et Renaud, dans le quartier des Halles. Les grands bricoleurs pouvaient tendre eux-mêmes la toile nylon.
  • Le groupe se réunit pour choisir le thème, l’idée forte ainsi que la phrase choc, le slogan percutant. Discussion politique de fond, imagination, créativité collective - esquisse du dessin demandé au camarade peintre Raymond Georgein puis plus tard à Claude Picart.
  • Raymond travaille et soumet son projet à validation : il y a rarement demande de modifications.
  • Un travail minutieux commence : le modèle est posé sur une table et recouvert à 1 cm par le cadre en nylon ; cet ensemble est fixé pour ne pas bouger. Les militants déposent, avec de petits pinceaux, de petites couches de drawing gum (liquide bleuté, caoutchouteux) aux endroits des lettres et du dessin qui devront plus tard laisser passer l’encre.
  • Un vernis cellulosique soluble à l’acétone à la fin des travaux est étalé sur l’ensemble de la toile pour boucher les pores, les mailles du nylon. Ill doit sécher.
  • Avec de vieux bouchons de champagne, les artisans grattent le drawing gum pour libérer les mailles du nylon qui laisseront ensuite passer l’encre d’imprimerie. Ce travail est difficile si la couche de drawing n’est pas assez épaisse et de rares fois, nous avons ainsi déchiré la toile, il ne restait plus qu’à tout recommencer avec un cadre neuf !
  • Le jour du tirage est arrivé ; il faut une dizaine de personnes et de la place pour le séchage des affiches. Sur un support stable et plat est posée la table de sérigraphie où est fixé le cadre de nylon préparé. Une charnière permet de relever et de baisser alternativement ; le rythme commandera le nombre d’affiches imprimées.
  • Le camarade A pose le papier blanc sous le cadre. Le camarade B met en bourrelet d’encre le long du bord le plus éloigné de lui, du côté de la charnière. Avec la bande en caoutchouc de sa longue raclette en bois il tire cette encre vers lui. Elle pénètre dans les mailles du nylon libérées par le grattage précédent et se dépose sur le papier.
  • Le camarade B relève le cadre. Les camarades C et D retirent l’affiche imprimée et vont la suspendre verticalement entre 2 pinces à linge du bâti de séchage suspendu au plafond. Ce sont eux qui donnent le rythme, la rapidité ou la lenteur. Il faut qu’ils aillent vite mais pas trop pour éviter que le vent de la précipitation ne colle 2 affiches distantes de quelques 10 cm
  • Le camarade A remet une feuille blanche sous le cadre et c‘est reparti !
  • En attendant le séchage des affiches commence le travail le plus pénible, sale, ennuyeux : le nettoyage du cadre au White spirit, voire au trichloréthylène pour aller plus vite avec la ouate de couches pour bébés.
  • Restera à coller les belles affiches sur les murs de l’arrondissement. Souvent elles entraîneront des discussions avec les passants qui, parfois souhaiteront avoir l’une des affiches pour eux !


''Second article qui suit : « Modernisation ambiguë de la technique et quelques compléments sur les couleurs » . ''