Outre qu’il est pour le moins curieux d’aller chercher une référence, et en quelle que sorte un modèle, chez le grand frère socialiste, lorsque l’on revendique l’autonomie de l’écologie politique, cette référence est malheureuse à bien des égards.

  1. Le rassemblement d’Epinay ne fut qu’un petit rassemblement entre la vieille et lourde machine bureaucratique socialiste * et le groupuscule mitterrandien de la Convention des Institutions Républicaines (regroupement de clubs comportant des hommes de qualité mais bien peu de troupes).Le vrai rassemblement avec le gros des troupes rocardiennes et un certain nombre de syndicalistes CFDT eut lieu en 1974 avec les assises du socialisme.
  2. Epinay fut essentiellement la conquête de l’appareil socialise par un homme venu d’autres terres que les terres socialistes qui était nettement minoritaire au début du congrès. En effet la motion Mitterrand n’obtint que 15 % de voix. Mitterrand fut diaboliquement habile pour l’emporter au second tour contre Savary, comme il le fut ensuite pour entraîner le PC dans une alliance qui allait se révéler suicidaire pour le parti dominant de la gauche (rappelons qu’à la présidentielle de 1969 le PC obtint 21,27 % des exprimés avec Jacques Duclos et le PS juste 5,01 %).
  3. La base politique de l’alliance du second tour ne devrait pas séduire des écologistes, car une composante décisive de l’alliance fut celle des chevènementistes du CERES, plutôt productivistes dès cette époque, hostiles à l’Europe, fascinés par le PC. Cette alliance dessinait la volonté d’une coalition priviligiée avec le PC et devait effectivement conduire au Programme Commun dont les priorités n’étaient pas du tout celles des autogestionnaires de Mai 68, des LIP, des pionniers de l’écologie.
  4. Le congrès d’Epinay fut en fait la lutte entre 2 hommes que presque tout opposait, tant au niveau de la formation initiale et du bilan politique personnel qu’au niveau de l’éthique et du projet pour l’avenir : Savary et Miterrand :
  • Celui qui, en 1940 résista au nazisme dès la première heure et celui qui, ambigu, « hésita ».
  • Celui qui, en 1958, préféra quitter son parti plutôt que de cautionner les déshonneurs de la guerre d’Algérie et celui qui déclara l’Algérie française.
  • L’homme d’une éthique rigoureuse et le Machiavel cynique aux entourages parfois « ambigus ».
  • L’homme aux convictions socialistes profondes et anciennes et le tacticien sans scrupules mais... efficace.