Parti laboratoire d’idées et de luttes : Le PSU (1960 – 1990)
:: Par Guy Philippon, jeudi 23 avril 2009 ::
Quel parti, mouvement ou réseau pourrait permettre de porter une solution politique crédible à la crise globale actuelle ? Cette question urgente pourrait être éclairée par l’analyse des formes qui ont été expérimentées. L’histoire, ça devrait servir pour chercher ensemble où se trouvent la ou les erreurs commises qui ont compromis l’avenir, mais aussi les aspects à conserver.
Après 4 billets consacrés au trotskisme, au PC, au PS, je consacre plusieurs billets au bilan du PSU, avant de travailler sur Les Verts. La question difficile de l’ami Paul « Pourquoi ce magnifique parti a t-il disparu ? » me conduit à vous envoyer les billets déjà rédigés dans l’ordre suivant
4-1 : Les atouts dont le PSU a disposé.
4-2 : Pourquoi, diable, a t-il pu disparaître ? Ebauche à discuter.
4-3 : 1960 et 1968 ou deux « fenêtres » historiques.
4-4 : De LIP à la « décroissance » du PSU. Il sème pour l’écologie politique.
Les atouts dont le PSU a disposé :
- L’utopie et le réalisme. La continuité et l’innovation.
- Le projet pour le court terme (« Vivre, produire, travailler autrement », « Décoloniser la province ») et le projet de société à construire (socialiste et autogestionnaire).
- L’unification extraordinaire pour l’époque entre des courants quasi incompatibles, et les chances offertes par deux fenêtres historiques avec la guerre d’Algérie et mai 68 (voir billet 4-3)
- Les idées et les hommes, hommes d’état, anciens ou futurs ministres, responsables syndicaux, intellectuels et ouvriers, artistes, militants et militantes Voir la liste sans doute incomplète mais impressionnante en fin de ce billet
- L’organisation démocratique (la base a mis ses dirigeants en minorité par 3 fois, dans des congrès importants !), et néanmoins efficace,
- Les expérimentations démocratiques , autogestionnaires comme à Lip mais aussi à Louviers ou avec les GAM (groupes d’action municipale, par exemple à Grenoble)
- Le journal Tribune Socialiste qui paraissait chaque semaine, était vendu aux métros et parfois au porte à porte (comme l’Huma Dimanche par les militants PC).
- De remarquables outils de formation : fascicules « Psu-documentation », revue théorique Critique socialiste, Cahiers du centre d’études socialistes. Une librairie et une petite imprimerie ont longtemps occupé le rez de chaussée du siège national de la rue Borromée.
- Les éditions Syros créées par le PSU qui ont publié bien des livres
- Les quelques grandes fêtes à la fois culturelles, politiques, militantes, populaires, sans aucun envahissement commercial ni publicitaire (à la Courneuve).
- Les agences populaires de voyage, comme Découverte et Culture, Voir et Connaître, Arvel à Lyon, très liées au PSU, qui alliaient détente et découverte des populations, de leurs organisations progressistes.
L’organisation était simple avec trois étages :
- -la section locale, avec son bureau avait une forte autonomie, recueillait adhésions et cotisations, ce qui facilitait l’accueil et le suivi. Les débats d’orientation pour les congrès et les votes se faisaient là. La section envoyait les délégués de ses tendances à l’étape « fédération » (départementale). Elle contrôlait à posteriori les votes de ses délégués
- -la fédération départementale avait une direction formée de représentants des sections de base, et un bureau pour la gestion des actions, des manifestations très fréquentes, des élections, etc. Elle organisait des réunions de secrétaires de sections locales, de trésoriers de commissions.
- -au niveau national une Direction Politique Nationale, représentant les diverses tendances se réunissait plusieurs fois par an et prenait les décisions entre deux congrès. Un Bureau National appliquait les décisions politiques, gérait le quotidien, les questions matérielles ou organisationnelles et les relations avec les autres organisations politiques ou syndicale.Une véritable formation existait à tous ces niveaux. Notre section du vingtième arrondissement de Paris a même organisé deux week-ends de formation dans l’île des Migneaux à Poissy avec des animateurs connus et une ou deux sur place
Les hommes et les femmes qui ont été membres plus ou moins longtemps du PSU :
- Les intellectuels : Alain Badiou, Pierre Belleville, Francine Comte (féminisme), Alain Lipietz, Serge Mallet, Pierre Naville, Hubert Prévot, Emmanuel Terray, Patrick Viveret, Jean-Marie Vincent Faut-il y ajouter Pascal Lamy ?
- Les historiens : Pierre Vidal Naquet, Emmanuel Le Roy Ladurie, François Furet, Bernard Ravenel.
- Quelques syndicalistes parmi bien d’autres : Edmond Maire, Albert Détraz, Fredo Krumnov, sans oublier Charles Piaget, pour la CFDT, André Barjonet pour la CGT, Chéramy pour la FEN, Alain Geismar pour le SNES-Sup, Bernard Lambert, fondateur des Paysans Travailleurs, une liste importante de présidents de l’UNEF, Gabriel Granier pour le SMG (syndicat de la médecine générale)
- Les journalistes : Claude Bourdet et Gilles Martinet pour France Observateur, Victor Fay pour Combat, Victor Leduc pour l’Humanité, Gilbert Mathieu pour Le Monde, Bernard Langlois pour Politis, Maurice Najman pour Libération, Claude-Marie Vadrot pour Le Canard, le JDD puis Politis etc.Jean Tabary puis dessinait des BD dans Pilote et a réalisé 2 BD, journaux muraux pour sa section PSU du vingtième arrondissement de Paris
- Les avocats ; Henri Leclerc, Yves Dechezelles, Yves Jouffa
- Les ministres (avant leur adhésion au PSU ou après) : François Tanguy Prigent (agriculture), Edouard Depreux, Daniel Mayer (futur président de la LDH), Pierre Mendés France, Alain Savary, Pierre Bérégovoy, Charles Hernu, Jack Lang, Michel Rocard, Robert Chapuis, Jean Legarrec, Huguette Bouchardeau, Marylise Lebranchu, etc.
- Les leaders de partis autres que le PSU: Gilles Lemaire pour les Verts, Brice Lalonde pour Génération écologie, Alain Savary et Jean-Paul Huchon pour le PS, Jean-Jacques Boislaroussie, Michel Fiant et Henri Mermé pour l’Alternative Rouge Et Verte, et même Arlette Laguiller pour LO. Bien des cadres des Verts ou du PS, connus ou non, sont passés par le PSU