Texte n° 5 : Les zigzags du socialisme français de 1960 à 2014
:: Par Guy Philippon, samedi 5 septembre 2015 ::
Ce 5e texte est un peu trop dominé par les échéances électorales au détriment des analyses politiques surtout à la fin. Mais cette période finale, vous l’avez vécue et je pense que vous aimerez retrouver les données précises. Je compte faire un dernier texte sur mes conclusions personnelles que vous pourrez discuter
* 1960 : naissance du P.S.U. (Parti Socialiste Unifié) qui unifie
- - un courant issu de la social-démocratie (cette S.F.I.O. déconsidérée par la guerre d’Algérie, celle de Suez. La scission de 1958 avait créé provisoirement le PSA
- - un courant de militants du P.C.F refusant l’écrasement par l’URSS de la révolution populaire hongroise et refusant le stalinisme
- - un courant progressiste chrétien, issu du Sillon de Marc Sangnier.
- - un courant se réclamant du ou des trotskismes, du marxisme révolutionnaire.
- - un courant pacifiste et antifasciste. »
- Ce rassemblement paraissait impossible tellement le débat était violent, haineux entre communistes et socialistes à cause de la guerre froide mais aussi entre chrétiens et francs-maçons (L’intégration de chrétiens fut en fait la plus difficile, mais elle permit les victoires ultérieures de la gauche )
- 1965 : première candidature à la présidence de la République de Mitterrand membre de la petite Convention des Institutions Républicaines et soutenue par les socialistes et les communistes. Il obtient 45 % de voix contre De Gaulle au second tour
- 1968 voir les deux textes précédents
- 1er juin1969 : Election présidentielle : le candidat socialiste Gaston Defferre n’obtient que 5,01 % bien qu’il soit soutenu par Pierre Mendés France ; le candidat communiste Jacques Duclos obtient 21,27 % ; le candidat PSU Michel Rocard obtient 3,61 % et le candidat LCR Alain Krivine 1,06 %. Cela traduit parfaitement le rapport de forces entre communistes et socialistes à cette époque. Au niveau militant la faiblesse des socialistes est encore plus énorme ; seul le PSU rivalise quelque peu sur ce plan militant avec le PC : Le PSU possède une base ouvrière de 3000 personnes environ et dirige en duo avec le PC plusieurs grandes villes dont Nîmes, Le Havre et Reims !
- Juillet 1969 : Alain Savary fonde le PS actuel prenant la suite de la SFIO
- 1971 : au congrès d’Epinay, élargissement du PS à de petits groupes dont celui de Mitterrand.. François Mitterrand devient Premier secrétaire en battant Savary grâce à d’étonnantes alliances. Il le restera jusqu’en 1981
- 1972 : signature du Programme Commun entre les socialistes, les communistes et les radicaux de gauche. Il préparera la victoire de 1981 et aboutira paradoxalement à renverser les rapports de forces entre PC et PS. C’est Mitterrand qui, en fait, « plumera la volaille … communiste » alors que le PC parlait souvent de « plumer la volaille socialiste »
- Le PSU et la CFDT critiquent ce programme commun en lui opposant l’autogestion
- 1974 : Assises socialistes qui organisent l’entrée au PS du courant rocardien du PSU et de militants ou cadres de la CFDT (dont Edmond Maire), de membres de la JOC ou de la JEC. Le but des entrants était de rénover le PS, de créer une « Deuxième gauche » et de porter au pouvoir Rocard qui symbolisera longtemps ce projet. En fait Edmond Maire sera déçu et l’opposition entre Rocard et Mitterrand dominera la vie du PS jusqu’à la mort de ce dernier La deuxième gauche sera mort-née !
- 1981 : Election présidentielle et victoire de Mitterrand sur les bases du Programme commun, nationalisations, abolition de la peine de mort, etc. Pierre Mauroy devient Premier ministre d’un gouvernement comprenant 4 communistes et beaucoup d’ex PSU dont Rocard, Bérégovoy, Savary,…
- 1983 : tournant de la rigueur. Mitterrand l’explique par les difficultés économiques et changement de cap.
- 1988 : Election présidentielle. Au premier tour : Mitterrand 34%, Chirac 20%, Barre (UDF) 16,5%, Le Pen 14%, Lajoinie (PC) 6,8%, Weachter (Vert) 3,8 %, Juquin (PSU-Rénovateurs) 2,1%, Arlette Laguiller 1,9 Au second tour réélection de Mitterrand contre Chirac
- 10 mai 1988 à 15 mai 1991 : Michel Rocard Premier ministre qui règle la terrible affaire de la Nouvelle Calédonie dès juin 88, crée le RMI en décembre 88 (il deviendra RSA en 2009), la CSG en novembre 1990. Mitterrand l’avait nommé pour casser sa popularité : le président avait dit alors à un ami : « Au bout de 2 mois, on verra à travers » Il se trompe, Rocard se méfiait ! Il doit lui demander de démissionner ! Mitterrand le remplace par une femme Edith Cresson qui ne restera en place que du 15 mai 91 au 2 avril 92 !!
- Octobre 1993 : Rocard devient premier secrétaire du PS.
- Juin 1994 : Election européenne. Rocard se croit obligé de prendre la tête de liste. Mais Mitterrand réussit alors son « coup de Jarnac » en poussant Bernard Tapie à être tête de liste pour les radicaux. Rocard n’obtient que 14,6% et doit démissionner de son poste de secrétaire
- 1995 : Election présidentielle : Jospin : 23,30 % ; Robert Hue pour le PC : 8, 64 % : Dominique Voynet pour les Verts : 3,32 %. Jacques Chirac est élu président ;
- 12 juin 1997 : la gauche plurielle gagne les élections législatives et Lionel Jospin devient Premier ministre, nombre de députés : 242 socialistes – 34 communistes – 33 radicaux et Verts – 134 RPR – 107 UDF
- Jospin obtient de bons résultats économiques. Mais sa formation trotskiste le pousse à un calcul politicien. Il pense que son élection comme président se jouera au centre et que toute voix gagnée au centre droit compte double puisqu’elle est enlevée à la droite ; par exemple sur les sans papiers il décide donc de n’en régulariser que la moitié et il perd une partie de sa base de gauche:
- 2002 : Election présidentielle : Le Pen : 16,86 ; Jospin :16, 18 % éliminé au premier tour et Jacques Chirac est réélu
- Jospin démissionne comme Premier ministre au lieu de rester pour gérer les élections législatives qui suivent ! Il n’admet pas ses responsabilités et rejette les responsabilités sur les autres candidats de gauche qu’il a parfois sollicités !
- 16 juin 2002 : Elections législatives, nombre de députés 140 socialistes – 21 communistes et républicains – 356 UMP – 27 UDF
- 29 mai 2005 : Référendum sur la constitution européenne ; Le NON l’emporte à 54, 67% alors que le PS et les Verts défendaient en principe le OUI
- 22 avril 2007 : Election présidentielle. Sarkozy 31,18%, Ségolène Royal 25,87%, Bayrou 18, 57%, Le Pen 10, 44%, Besancenot 4 26%, Voynet 1,57% …
- Sarkozy bat Ségolène au second tour avec 53,06 %
- 17 juin 2007 : Elections législatives, nombre de députés : 186+18 socialistes, 24 PC, UMP 314 +20 Nouveau centre
- 2012 : Election présidentielle : premier tour : Hollande : 28,63%, Sarkozy : 14,8%, Le Pen : 17, 9%, Mélenchon : 11,8%, Bayrou : 9, 13% Eva Joly : 2,31%
- Deuxième tour : Hollande : 51,64% Sarkozy : 48,36%
- 17 juin 2012 : Elections législatives, nombre de députés : 295 socialistes et apparentés, PC+alliés : 15 – Ecologistes : 18, Radicaux+alliés : 15 – UMP : 185+11 – UDI : 29 Jean-Marc Eyraud est nommé Premier ministre et 2 membres de EELV sont ministres : Cécile Duflot et Pascal Canfin